[WIP/croquis] textes courts à illustrer

J'aime bien écrire, et du coup je me suis lancée dans des textes courts assez libres (15 pour le moment).
Je me disais que je pourrais me faire un recueil illustré. Ce serait pas mal d'avoir une écriture manuscrite?!

Je vous montre les premiers jets avec leurs textes :
C'est marrant c'est pas les meilleurs textes qui m'ont motivé le plus à dessiner.

Deus ex machina


Encore une farce SNCF en chair et en os. Ils étaient tous là, la mamie au fichu, le sale moustachu, les filles aux chignons-n'importe-mignon, le type au collier de gros maillons, le casting du genre humain au complet, le gratin. La lumière de l'automne s'était invitée aussi et ils attendaient le bus de secours en plein nuage. On ne peut pas dire que le temps était humide, mais on voyait les gouttelettes en suspension comme un tas de globules blanc arrêtés dans leur chute par un stroboscope. Le soleil automnal avait beau les frapper de ses rayons ocres, ils éclipsaient la chaleur. Vraiment, ils faisait froid et l'hémoglobine se concentrait sur les nez et les mines qui se paraient des couleurs de saison. On aurait pu croire qu'ils essayaient de s'accorder au décor de feuilles flamboyantes. C'était un grand rideau de théâtre, au moment du salut. Ils étaient tous plantés là, fardés comme des acteurs, avant que leur visage ne s'éclaire à l'arrivée du bus salvateur.

Spoiler:

Récit chimérique


Les chimères, il ne faut pas rigoler avec ça . Si Alba n'est qu'un petit lapin inoffensif dont son maître s'occupe bien, qui s'occupe des gens ? Vous savez, si vous êtes vous-même une chimère, et que vous n'êtes pas un animal de compagnie ? A ce propos, j'ai une anecdote concernant un enfant chimérique. Il s’appelait Alban. Comme son père était un ange, il a fait comme tous les anges, il s'est barré. A sa naissance, sa mère a eu la surprise de découvrir qu'il était un vampire. Elle l'a appris malgré elle en lui donnant le sein. Elle ne pouvait pas imaginer quelle chimère naîtrait de sa liaison avec l'autre plumeau. Pour cette raison, elle a abandonné le petit.
Le pauvre fut trimbalé d'un foyer à un autre et même en hôpital psychiatrique à cause de sa propension à mordre à tout va. Rapidement on nota également qu'il souffrait d’anémie chronique. Évidemment personne ne trouva de solution à ses problèmes de santé qu'elle soit mentale ou physiologique. Son quotidien était donc réparti entre une pièce d'isolement, les cabinets du pédopsychiatre et du médecin. Mais comme je le disais plus haut, Alban n'était pas un animal de compagnie et la vie en cage ne lui convenait pas. En réalité Alban était un mort de soif d'amour. Lors d'une de ses fugues, il rencontra une fille qui trouva de la poésie à sa peau livide traversée de veines apparentes. Ils passèrent des heures à les regarder et les parcourir, dessinant la carte d'un pays imaginaire sur son corps. Plus il pâlissait, plus la carte était visible et moins le jeune homme parlait. A force de contempler sa peau, la cartographe ne se rendit pas compte qu'Alban ne parlait plus du tout. On aurait dit qu'il souriait de toutes ses dents.

Spoiler:

Leçon de vol


Quand on sait voler, on vole de tout, à commencer par des ailes : il faut bien commencer par l'essentiel. D'ailleurs c'est pas le plus facile, c'est plutôt gros. Vous vous imaginez passer devant la caissière avec une tronche d'ange-mort-de-peur ? Le tout c'est d'apprendre à les cacher. Déjà le diable il a des ailes noires, c'est moins voyant, et puis il met pas des plumes partout, lui. Quand vous saurez planquer votre auréole et faire taire votre corps, le plus gros sera fait. Suivent quelques détails techniques comme reconnaître les anti-vols. Ça, c'est une affaire de pratique, on apprend surtout qu'en réalité ils sont rares et ça vaut mieux pour vos ailes ! Si vous vous faites pincer, vous y laisserez des plumes et alors pour voler, c'est pas l'idéal. Vous devrez alors tout reprendre à zéro : L’entraînement, la confiance en soi... il faut à nouveau se jeter dans le vide. C'est comme le cheval. Mais si vous avez plus de plumes, comme le diable, le problème est réglé. On appelle ça l'expérience.

Spoiler:

Mood bag


Les tote bags, c'est divin, c'est l'invention du siècle. Quand je pense que je m'emmerdais de sacs en polyuréthane puants... Clairement ces sacs en coton ont été tissés pas les anges. C'est tellement plus léger que je pourrais les faire tournoyer au dessus de moi pour décoller du sol. On pourrait en avoir mile pour en changer selon l'humeur, le tote bag comme miroir de l'âme, façon teste de Rorshach. Ah, c'est ça l'idée du siècle en fait, un sac-tâche-d'encre-chimique qui réagit à toutes nos explosions d'hormones et de pollen humain. Un sac dont les motifs se meuvent comme des plumes frénétiques de calligraphie, d'oiseau aussi. Ça doit pas être difficile, il suffit d'être un peu magicien du pinceau. J'espère juste que mon tote bag ne sera pas trop déprimé par contre.

Spoiler:

Le secret de la salle d'expo.

Dans la salle d'exposition certains murs ont été recouverts de papier. C'est pas heureux, ça se décolle aux jointures des laies... On pourrait peler le mur comme un kaki trop mûr en tirant dessus. Si on faisait ça ,on pourrait peut-être voir surgir une fresque faite par des étudiants-magiciens de jadis  :
Là, sur la gauche, un démon jaune fluo qui se protège le haut du crâne. Un autre rose, toujours aussi fluo, le tabasse en faisant de petits sauts avec sa veste de torero. Puis un troisième mort de rire, vert fluo ...
Je referme mentalement ce trésor avant que quelqu'un d'autre ne le voit. C'est le secret de la salle d'exposition.

Spoiler:

Monstre de poche

D'habitude vers décembre ma poule de mère me demande ce qui me ferait plaisir pour Noël. Cette fois-ci, au lieu de bredouiller façon pâte de fruit quelque-chose comme « débrouille-toi » mais avec du sucre glace, je l'ai devancée. Je lui ferai une liste et elle y piochera à sa guise.
Pour ce faire, j'ai fait du repérage, pokédex en main. C'est alors que j'ai trouvé le livre qui fait vibrer la gamine en moi. Il m'a même fait une surprise en surgissant d'un rayon. Il était là, en habit de carte pokémon brillante. On aurait dit qu'il s’était roulé dans le givre matinal pour mon Noël, avec ses petits points rouges, comme autant de baies de houx congelées.
Le titre clignotait rouge dans les guirlandes luminescentes de mes yeux.
« Journal d'un vampire en pyjama, édition limitée, Mathias Malzieu »
a chanté mon pokédex. Ça sonnait comme une chorale de Noël.

Le profil du pokémon est envoyé à maman.

Spoiler:

Baston en enfer

Avant je dessinais pour me détendre, c'était ma sortie de secours à moi. A vrai dire, je m'y jetais si souvent que je devais être un peu pyromane.

Maintenant, je ne sais pas si c'est d'être "vieille conne" ou quoi, mais j'ai oublié où elle était. En fait, c'est comme si tout plein de profs occupaient ma tête pour me rappeler combien le dessin gratuit pouvait être diabolique. Ils sautent partout comme des démons bruyants en plein débat philosophique jusqu'à ce que la page blanche me revienne en pleine face et que je jette l'éponge. Ils sont pénibles à tout intellectualiser comme ça, jusqu'à la mort. Du coup j'essaie en vain de retrouver cette maudite sortie de secours mais avec tout ce vacarme je me perds dans les couloirs de ma tête. J'aurais envie de tous les cramer. C'était pourtant une bonne habitude, surtout en cas d'incendie ou de baston de démons. Impossible de mettre le dessin-cigarette et la pertinence d'accord. C'est comme la crème de whisky et la bière, ça veut pas se mélanger.

Spoiler:

ici il y a deux textes parce que le premier  doit être lu avant le suivant


Prancing in the rain.


L'eau a vraiment des affinités avec la musique. L'eau qui tombe en particulier. Quand j'étais petite, on fabriquait des bâtons de pluie à l'école et puis plus tard, je chantais sous la douche. Vraiment, on croirait un filtre instagram pour la voix. Tout ça pour dire, qu'en regardant à travers la vitre d'une voiture sous la pluie, mon esprit quitte mon corps, comme dans un clip. Il suit à côté, sur les trottoirs, les bords de route, les caniveaux. Il galope, sautille, bondit en rythme, quand il pleut. Il doit être comme une éponge, tant qu'il fait beau il reste minuscule et tout sec dans un coin. Depuis que j'ai découvert ça, je le ballade en voiture dès qu'il fait moche. Ça doit lui faire du bien de sortir.




Le goût de mors


Le cheval, c'est dans la peau. L'odeur chaude d'ammoniac, la sueur chevaline, ça vous imprègne. Ça finit par tout transformer.
Longtemps, quand je baladais mon esprit en voiture, qu'il courait à côté de moi, c'était un cheval. J'adorais faire sauter sa grande mécanique par dessus les clôtures, le faire trotter sur les trottoirs, souffler chaud dans la brume. Ce n'est plus un cheval maintenant et j'ai peur qu'il me quitte, pour toujours.
Pour qu'il revienne, je ne manque par l'occasion de prendre des madeleines imbibées de sueur et d’ammoniac dès que possible. Elles ont un petit arrière goût de cuir et d'herbe piétinée.

Spoiler:

j'avance, un peu:


Roulotte de secours


Les arbres éternuaient toutes leurs feuilles mortes sur moi, certaines se plantaient dans mes yeux sans prévenir mais je les confondais avec mes cheveux. Je tirais ma grosse valise en me prenant pour cheval attelé. C'est vrai, j'étais presque heureuse de la traîner avec les mains en feu, regardant droit devant en faisant claquer mes sabots de plastique. Avoir des œillères empêche de regarder en arrière. En même temps j'étais partie comme un coup de vent super énervé de ne pas prendre le temps de faire le sapin de Noël. Je balançais des éclairs et des fringues dans tous les sens en faisant ma valise. Gaëtan était le seul paratonnerre des environs alors il s'est tout pris comme un buvard. Sur le trajet, j'ai demandé pardon en le voyant tout tâché. C'est que de faire le sapin sous pression, ça ne devrait pas être permis. Enfin, il serait là, tout plein de boules de grive et d'éclats de bonheur quand je reviendrais, et c'est tout ce qui comptais... J'aurais du avoir cinq ans en le décorant, c'est l'âge adéquate mais quand on devient grand, il n'y a personne pour vous fourrer la valise, vous attraper par la manche en vous laissant à vos rêves de paillettes glacées et velours rouge jusqu'au dernier moment.
Là, j'ai du m'arracher moi-même à mon bonheur et une poignée de silex à l'intérieur de mon crâne a explosé après s'être frottée aux glaçons de Noël. Pourvu qu'ils ne fondent pas et que je ne finisse pas la caboche pleine de cailloux à cracher des graviers tout secs. Il faut bien s'endurcir quand même.

Alors être un cheval attelé à cet instant précis était la meilleure des solutions possible, en tenant compte du fait que j'allais encore passer la semaine sans Gaëtan, sans paratonnerre, sans buvard ni mouchoir. Je me contentais d'écouter rouler ma roulotte pleine de fringues en souhaitant très fort devenir un cheval.






Rejonéador dans la ville


La ville est une épreuve pour une fille de la campagne comme moi. Parfois je me dis que ma tête est trop fragile pour les passants, que mes jambes sont trop petites pour la rue, que mes pieds sont trop tendres pour les pavés. Ça manque de jeunes pousses, d'herbe, de ruisseau, de mou, toutes ces choses qui s'usent autant que moi. Des choses qui se râpent contre le béton et y laissent des traces, vertes, bleues ou rouges. Pour m'en protéger, je m'éloigne du sol, je me perche sur des talons, je porte un large chapeau, mais j'ai une meilleure idée. Pas un skateboard ou des rollers pour m'égratigner un peu plus : une trottinette. Je lui mettrais une tête de cheval en peluche, je l’appellerais Tormenta et je chausserais mes talons les plus bruyants. Je traverserais la ville au trot, avec ma figure de proue moelleuse, et tout le monde nous regarderait mais je chevaucherais, nous glisserions. Mon chapeau à large bords défierait les immeubles et la pluie, Rejonéador devant la mort.




Frère blaireau, raconte-moi une histoire.

Je rentre au pays pour voir la famille. Les arbres, les routes interminablement bordées de
tableaux romantiques, ils s'ouvrent et se tirent au rythme des virages.
Les yeux des animaux, deux petits phares dans l'obscurité de la forêt, me saluent comme
des frères. J'étais triste quand j'ai vu le blaireau couché, flan sur le bitume. J'ai voulu
m'arrêter, mais Gaëtan non. J'aurais aimé le toucher, poser ma main sur son épaule de
vieux frère. J'aurais pu le border avec le sang qui baignait son corps, tout nu, au milieu de
la route. Il avait la tête de celui qui raconte des histoires avant de dormir. Tu es si loin à
présent.




Baston en enfer


Avant je dessinais pour me détendre, c’était ma sortie de secours à moi. A vrai dire, je m’y jetais si souvent que je devais être un peu pyromane.
Maintenant, je ne sais pas si c’est d’être “vieille conne” ou quoi, mais j’ai oublié où elle était. En fait, c’est comme si tout plein de profs occupaient ma tête pour me rappeler combien le dessin gratuit pouvait être diabolique. Ils sautent partout comme des démons bruyants en plein débat philosophique jusqu’à ce que la page blanche me revienne en pleine face et que je jette l’éponge. Ils sont pénibles à tout intellectualiser comme ça, jusqu’à la mort. Du coup j’essaie en vain de retrouver cette maudite sortie de secours mais avec tout ce vacarme je me perds dans les couloirs de ma tête. J’aurais envie de tous les cramer. C’était pourtant une bonne habitude, surtout en cas d’incendie ou de baston de démons. Impossible de mettre le dessin-cigarette et la pertinence d’accord. C’est comme la crème de whisky et la bière, ça veut pas se mélanger.





Leçon de vol

Quand on sait voler, on vole de tout, à commencer par des ailes : il faut bien commencer par l'essentiel. D'ailleurs c'est pas le plus facile, c'est plutôt gros. Vous vous imaginez passer devant la caissière avec une tronche d'ange-mort-de-peur ? Le tout c'est d'apprendre à les cacher.  Déjà le diable il a des ailes noires, c'est moins voyant, et puis il met pas des plumes partout, lui. Quand vous saurez planquer votre auréole et faire taire votre corps, le plus gros sera fait. Suivent quelques détails techniques comme reconnaître les anti-vols. Ça, c'est une affaire de pratique, on apprend surtout qu'en réalité ils sont rares et ça vaut mieux pour vos ailes ! Si vous vous faites pincer, vous y laisserez des plumes et alors pour voler, c'est pas l'idéal. Vous devrez alors tout reprendre à zéro : L’entraînement, la confiance en soi... il faut à nouveau se jeter dans le vide. C'est comme le cheval. Mais si vous avez plus de plumes, comme le diable, le problème est réglé. On appelle ça l'expérience.



Monstre de poche

D'habitude vers décembre ma poule de mère me demande ce qui me ferait plaisir pour Noël. Cette fois-ci, au lieu de bredouiller façon pâte de fruit quelque-chose comme « débrouille-toi » mais avec du sucre glace, je l'ai devancée. Je lui ferai une liste et elle y piochera à sa guise.
Pour ce faire, j'ai fait du repérage, pokédex en main. C'est alors que j'ai trouvé le livre qui fait vibrer la gamine en moi. Il m'a même fait une surprise en surgissant d'un rayon. Il était là, en habit de carte pokémon brillante. On aurait dit qu'il s’était roulé dans le givre matinal pour mon Noël, avec ses petits points rouges, comme autant de baies de houx congelées.
Le titre clignotait rouge dans les guirlandes luminescentes de mes yeux.
« Journal d'un vampire en pyjama, édition limitée, Mathias Malzieu » 
a chanté mon pokédex. Ça sonnait comme une chorale de Noël. 
Le profil du pokémon est envoyé à maman.



Spaghettis sous la lune

Et voilà, il y en a partout ! J'ai chopé le paquet de spaghettis qui me suppliait de le manger. Ils étaient tellement pressés qu'ils sont tombés tous droit sur mon pied comme une pluie d'aiguilles de pin. Enfin me voilà à une heure du matin, à quatre pattes dans ma chambre en train de jouer au mikado, en solo. Je les vois encore rire, avec leur gueule éparpillée. Parce qu'en fait, j'ai tellement tardé à les manger que j'en ai oublié que le sachet était ouvert.
C'est décidé, plus jamais de pâtes sous la lune, ça transforme les chambres en hammam. Pour sûr, je vais bien dormir. C'était des complets en plus, ils ne savent pas la chance qu'il ont.



plic-flaque

Il y a des gens qui utilisent des cannes pour marcher, d'autres pour frimer. Alors qu'on a inventé le parapluie-canne, lui sortait sa canne pas parapluie par temps de pluie. Il posait sur son crâne un large chapeau pour le garder au sec avant de s'immobiliser devant une flaque, grande comme un lac. C'est là qu'elle entrait en scène, télescopique et élastique, la canne fantastique plantée dans le pavé. Elle se courbait pour mieux le projeter, telle une perche jusqu'à l'autre berge.
Sans un clapotis, sans mouiller ses précieux souliers de daim, il traversait la ville en bondissant,  faisant fi de la pluie et des passants.



Rêves de verre

Un jour j’ai vu une fille qui s’endormait tout le temps dans les transports. Elle devait avoir l’habitude de rêver de tapis volants, à ne dormir qu’en mouvement. Malgré ça, elle avait le sommeil fragile, si bien qu’elle se réveillait tout le temps en sursaut comme s’il s’était brisé. De l’extérieur, elle dodelinait soudainement de la tête, comme autant de spasmes, une vraie possédée. A faire ça, elle faisait sursauter ses voisins. Mais voilà, dans un train les passagers sont tous rangés en livres de bibliothèque. Du coup les sursauts se passaient de l’un à l’autre comme des dominos. C’était un mystère pour elle chaque fois qu’elle descendait du train tout frémissant des hoquets de voyageurs, se cognant avec des bruits de vaisselle. J’ai préféré ne pas lui en souffler mot à propos de ses songes de verre. J’ai eu trop peur de faire de la casse dans son petit cœur.



Fille-dinosaure

Je pense que ce qu’on a dans la peau fait lien entre notre nature et le monde.
Quand j’étais petite, j’adorais les dinosaures et l’équitation.
De tempérament rugueux, j’étais surtout mal dans ma peau, comme pas mal de gosses.
L’anecdote est, que lors d’un de mes malaises habituels, je me suis fracassée la tête sur le sol de la salle de SVT. Vous imaginez le tableau, le carrelage, un peu de sang et ma tête de dinosaure. Il aurait pu y avoir des dégâts mais voilà, j’ai la peau dure… et irrégulière. 
Le fait est, que les doigts d’araignées qui ont eu tant de mal à me recoudre, ont mis ceci en évidence : Je suis une antiquité.





La guerre des mannequins

En haut de la rue Sainte Catherine, les mannequins sont tout abîmés. C’est le résultat de la bataille nocturne, lui n’a plus de buste, il ne lui reste qu’une tige, moignon d’une pseudo colonne vertébrale avec un prix collé dessus. Les autres ne sont pas jaloux. Si on s’y penche, ils ont le nez ébréché ou une main de travers, parfois une joue éclatée ou l’œil borgne recolorié. C’est que toutes les nuits, ils mènent une lutte sans merci. Chaque soir, les gamins cachés dans les boutiques s’en servent pour livrer bataille, à coups de béliers en plastique. A eux seuls, ils forment une société à laquelle on n’accède qu’en enfance. Si vous aviez réussi à tromper la vigilance de vos parents, à rester planqué derrière un rayon sans qu’ils s’en aperçoivent, sous en seriez. Vous sauriez aussi qu’il n’est plus la peine de tenter les magasins de jouets, ils sont déjà pleins et il n’y a pas de place pour les débutants. C’est pour la gagner que chaque nuit se joue une bataille sur fond de chaises musicales. A coups de mannequins fracassés, chacun tente d’occuper une boutique toujours plus proche du sacro-saint magasin de jouets. J’ai eu la chance d’y assister en échappant l’espace de quelques minutes à leurs détecteurs d’adultes en forme de carambars. J’avais un kinder surprise à la main, ça a du brouiller le signal. J’avais encore du chocolat plein la bouche quand j’ai atterri dans un feu d’artifice épique de
plastique et de cour de récré, sauf que j’étais pas en dessous, mais au dessus. Ça grouillait autour des mollets, ça roulait des collants trop grands et des baskets râpées. Il y avait de la bravoure et des genoux abîmés. La seconde d’après, plus un enfant. Juste des morceaux de bras creux qui roulaient au ralenti sur les pavés. J’en ai tombé la surprise, encore dans sa capsule, elle aussi, au ralenti.

C'est pas commun de voir ça sur le forum et ça rend presque honteux l'envi de donner des retours sur les dessins. C'est expérimental, tout ce que j'attendrais pour ce genre de recueil. Avec les différents médiums et styles que tu utilises, ça ne ressemble jamais vraiment à la même personne.


Visiblement, la couleur, c'est compliqué ?

Oui, je me cherche beaucoup! Je sais pas si c'est d'être encore étudiante ou le fait d'être dans une filière Arts générale. Je sais pas trop quoi penser de cette absence de fil conducteur mais si tu me dis que ça correspond bien au projet, ça me rassure. Je suis contente d'avoir un retour positif!

Oui, j'ai du mal avec la couleur, je n'arrive qu'à l'introduire par touche ou par le biais du support... dur dur.

J'ai essayé de voir ce que ça pouvait donner de développer des illustrations sur un seul texte (avec un style plus uniforme). La forme du recueil est pas super appréciée des éditeurs donc je me disais que peut-être mes textes pourraient servir de "banque à projets" enfin faut voir. Donc voilà le petit essai, dans un carnet:

Le texte non manuscrit est juste au dessus, c'est "roulotte-valise"

Ben, il est clair là le fil conducteur ! Superbe cette série !

Même si ton univers est très onirique. Je pense qu'il faut que tu matérialise ta narratrice que tu lui donne une identité à qui s'adresse t'elle;  pour qui , pour quoi raoonte t-elle cela, où est elle maintenant ? pour creer un lien avec toutes ces histoires.

En gros qui est le protagoniste de ton histoire , quels obstacle rencontre t'il par rapport à son objectif, la base d'une histoire.
Tu peux faire une recherche sur Yves Lavandier et son bouquin sur la dramaturgie cela devrait pouvoir t'aider j'imagine

Merci pour la référence. Tu pensais à une sorte de prologue ? Je vais creuser ça, je n'y avais pas pensé

J'ai tenté quelque-chose mais ça ne réponds pas aux questions de où et quand et comment mais introduit un peu le propos, un premier jet.

Invitation

Il y a des gens comme ça qui déforment tout, dès qu’il est question de raconter leur vie. J’entends par là une transformation bien plus délicate et éclatante que le mensonge. Si vous avez déjà croisé le chemin de Big Fish ou les textes de Mathias Malzieu, vous savez de quoi je parle. Je ne sais pas si ça fait d’eux des artistes mais ça en fait au moins de merveilleux artisans, ou des artisans du merveilleux. Il s'agit de poser un voile de fantaisie sur le présent, comme un doreur à la feuille d’or. La dure réalité est juste en dessous. Il suffirait de gratter un peu, mais on évite de le faire pour ne pas altérer l’éclat  du voile fantastique et puis c’est électrostatique! De là à dire que ma réalité se pare de ces reflets, qu’elle est magique, non. Je tente au moins de l’envelopper dans du coton. Ça demande moins de savoir-faire, c’est pas cher et c’est isolant. Parce qu’au fond, c’est une maladie, je ne peux pas m’en passer, sinon je fais une allergie. 
Ce livre, c’est une thérapie.